Les acrosyndromes sont un motif fréquent de consultation en dermatologie. Parmi les acrosyndromes paroxystiques, le phénomène de Raynaud (PR), qui touche 5 à 10 % de la population en France,… Click to show full abstract
Les acrosyndromes sont un motif fréquent de consultation en dermatologie. Parmi les acrosyndromes paroxystiques, le phénomène de Raynaud (PR), qui touche 5 à 10 % de la population en France, est de loin le plus fréquent. L’enjeu de la consultation est de différencier un PR primitif, anciennement maladie de Raynaud, débutant dans la majorité des cas avant 30 ans ; d’un phénomène de Raynaud secondaire à une connectivite particulièrement à une sclérodermie (plutôt chez les femmes), ou secondaire à une artériopathie (plutôt chez les hommes). Ce diagnostic est primordial car le PR précède de plusieurs années les autres manifestations cliniques de la sclérodermie systémique et permet ainsi le dépistage précoce de complications encore silencieuses sur le plan clinique, telles l’hypertension artérielle pulmonaire [1]. Plusieurs études rétrospectives et prospectives sur le long terme ont montré qu’un bilan minimum est justifié chez toute personne consultant pour un PR. Ce bilan doit comporter au minimum une recherche d’anticorps anti-nucléaires et une capillaroscopie, en plus de l’interrogatoire et de l’examen clinique [2]. Une capillaroscopie présentant un paysage sclérodermique montre plusieurs des éléments suivants selon le stade : mégacapillaires (le plus caractéristique), hémorragies, diminution très nette de la densité capillaire avec éventuellement présence de plages désertes, et/ou désorganisation des capillaires. Si la capillaroscopie est normale et les anticorps négatifs, il n’est pas nécessaire de revoir le patient en l’absence de modification de la symptomatologie clinique, le risque d’évolution vers une connectivite étant très faible. En cas d’anomalie d’un des 2 examens seulement, une surveillance régulière est nécessaire, car le risque de survenue d’une connectivite est multiplié par 5 à 8. Si la capillaroscopie montre un paysage sclérodermique, et que les anticorps spécifiques sont présents, on est dans le cadre d’une sclérodermie dite précoce, ce qui change bien entendu le pronostic et le suivi. L’étude de Moreau et al., publiée dans ce numéro, pose une question simple et très pratique : est-ce que le dermatologue peut dépister un phénomène de Raynaud secondaire avec son dermatoscope [3] ? La capillaroscopie se pratique avec un microscope permettant un grossissement de 50 à 100, alors que la dermoscopie permet un grossissement de 10 à 20. La réponse à la question n’est pas, comme souvent en médecine, univoque mais les messages que l’on peut retenir sont néanmoins très utiles pour une pratique quotidienne.
               
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