LAUSR

Introduction L’apparition d’un placard inflammatoire post-radiotherapie (RT) d’un cancer du sein (CS) fait souvent evoquer une radiodermite chronique, une mastite ou une recidive. Bien que le CS soit le plus diagnostique en France et dans le monde, la morphee du sein radio-induite (MRI) reste une complication peu connue ; nous rapportons 2 cas. Observations Une patiente de 68 ans, traitee par tumorectomie, radio-chimiotherapie (RCT) puis hormonotherapie (HT) pour un CS presentait 1,5 ans apres la RT un placard inflammatoire indure et douloureux du sein avec un aspect bulleux et necrotique au centre. Les biopsies montraient un infiltrat lymphocytaire en bande du derme papillaire en faveur d’un lichen sclereux bulleux et un epaississement des fibres de collagene dans le derme reticulaire evoquant une morphee. L’ensemble du bilan auto-immun etait normal. Un traitement par dermocorticoide etait inefficace mais la patiente etait progressivement amelioree sous methotrexate. Une autre patiente de 57 ans, traitee par mastectomies, RCT puis HT pour un CS infiltrant bilateral presentait 3 ans apres la RT un aspect sclereux blanc nacre en regard des cicatrices de mastectomies avec un decollement bulleux par endroit. L’histologie montrait un infiltrat inflammatoire en bande du derme profond evoquant un lichen sclereux bulleux ( Fig. 1 et 2 ). Discussion La morphee est une sclerodermie localisee dont la physiopathologie reste mal connue. Les cas de MRI sont rares, mais probablement sous-diagnostiques. L’etiologie serait un phenomene de Koebner sur un terrain auto-immun favorisant. Le schema posologique et la dose totale delivree de RT ne sont pas lies avec l’apparition de MRI. Le delai d’apparition est tardif : en moyenne 1 an apres la fin de la RT. L’analyse histologique peut evoquer un lichen sclereux bulleux ou une morphee en fonction de la phase evolutive de la MRI qui est, initialement inflammatoire puis sclereuse. Les diagnostics differentiels sont la mastite, la radiodermite chronique et le rappel de l’irradiation. Le traitement n’est pas codifie, allant des dermocorticoides, phototherapie, immunosuppresseurs systemiques, jusqu’a la mastectomie. Conclusion Ces 2 cas presentent une MRI apparaissant plus de 1 an apres la RT, vu a 2 stades differents : inflammatoire puis fibreux. Devant la prevalence du CS, la MRI doit etre connue des dermatologues et etre evoquee devant un erytheme post-RT.