LAUSR

La collecte de plasma gouverne deux activites importantes, la transfusion de plasma frais, et l’injection de medicaments derives du plasma. Si la premiere concerne un volume a peu pres stable d’indications therapeutiques, la seconde est exponentielle avec un chiffre de croissance a deux chiffres sans grand equivalent economique par ailleurs. Or, le produit therapeutique est le meme, le plasma collecte chez des personnes a priori en bonne sante ; les parties prenantes sont cependant pour partie identiques et pour partie distinctes car l’industrie pharmaceutique est devenue un acteur incontournable legitime par la qualification en medicaments des derives du plasma. La question strategique est ainsi devenue centree sur l’accessibilite de la « matiere premiere » et son cout. Le plasma frais destine a la transfusion est encore en grande partie – mais de moins en moins – laisse au soin des etablissements de transfusion, alors que le plasma destine au fractionnement est de plus en plus traite dans un modele industriel. Ce modele industriel ne veut plus ne s’adresser qu’au traitement, il veut aussi s’interesser a la source pour ne pas subir d’alea d’approvisionnement, prenant a partie les beneficiaires (les malades) en alimentant au besoin des craintes de rupture d’approvisionnement. Ces ruptures sont-elles seulement des epouvantails ? En fait non, car elles se sont observees a plusieurs reprises, rendant audibles des arguments qui ne l’etaient pas au nom de l’ethique du don. De fait, s’organise une tension ethique contradictoire entre ethique du don et justice distributive au profit des patients. Le sang etant un tissu a forte valeur symbolique, ces tensions ethiques sont passionnees (empreintes de passion). Comment depassionner ce debat pour que la meme ethique du bien commun et de la justice s’opere au niveau des donneurs, des receveurs et de la societe redistributrice et dispensatrice de soins ? La question est ouverte depuis de nombreuses annees sans grande osmose entre les deux parties.