en l’insérant dans une tradition philosophique plus large (Arendt, Foucault, Wittgenstein). Ainsi, l’auteur souligne l’intérêt de se questionner avec Tully sur la possibilité de repenser le vivre-ensemble pour les États… Click to show full abstract
en l’insérant dans une tradition philosophique plus large (Arendt, Foucault, Wittgenstein). Ainsi, l’auteur souligne l’intérêt de se questionner avec Tully sur la possibilité de repenser le vivre-ensemble pour les États plurinationaux ou multiculturels. Pour ce faire, May décortique la proposition d’un fédéralisme asymétrique pour rendre effective l’idée d’un « dialogue continu » et d’un « constitutionnalisme commun » qui permettrait de limiter « les conditions de la domination et de la tyrannie en instaurant un système de stratégies de confrontation » (180). L’auteur s’attarde également à critiquer avec brio la logique interne et la cohérence normative des philosophies du multiculturalisme qu’il a synthétisées. S’appuyant ici sur une lecture personnelle, tantôt sur une critique féministe (Susan Okin), libéraleégalitarienne (Brian Barry), conservatrice (Samuel Huntington) ou encore progressiste (Todd Gitlin), May s’efforce d’offrir au lecteur les outils analytiques pour comprendre les désaccords complexes qui persistent entre les auteurs, ce qui contribue grandement à la valeur de sa contribution. Tout au long de l’ouvrage, May confronte les penseurs du multiculturalisme à la possibilité qu’ils essentialisent l’individu dans une culture. Ainsi, l’interprétation que fait Tully « du rôle de la culture dans l’autogouvernement des groupes révèle une tendance à réifier les identités culturelles » (193). En ce sens, l’auteur est sensible à la critique de Susan Okin, qui craint qu’une politique de la reconnaissance telle que préconisée par Taylor, par exemple, revienne à faire perdurer des pratiques culturelles patriarcales qui briment le principe de l’égalité homme-femme. May souligne néanmoins que Kymlicka suggère une théorie du multiculturalisme qui aspire à éviter ce piège, distinguant alors les droits différenciés selon qu’il s’agit de groupes issus de l’immigration ou de minorités nationales. Ce modèle n’échappe toutefois pas à la critique. En s’appuyant sur les écrits de Joseph Carens et d’Iris Marion Young, May suggère que si « l’on part du principe que la justification des droits collectifs se fait à partir d’une perspective individualiste, on ne voit pas pourquoi les immigrants devraient bénéficier de moins de droits que les autres minorités » (156). Philosophies du multiculturalisme répond à la carence d’ouvrages francophones disponibles pour aborder de manière synthétique et critique les théories normatives du multiculturalisme, en combinant par ailleurs une analyse qui s’intéresse à la fois aux auteurs et aux thématiques récurrentes. Il s’agit d’une introduction remarquable pour quiconque désire se familiariser avec la pensée de Taylor, Parekh, Kymlicka et Tully.
               
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